La prise en charge thérapeutique du cancer de la prostate incluant la chirurgie, la radiothérapie ou l’hormonothérapie est certes efficace pour combattre la maladie, mais peut aussi entraîner des effets secondaires indésirables sur la sexualité. Les troubles sexuels inhérents aux différents traitements du cancer de la prostate sont plutôt courants et peuvent se traduire par une dysfonction érectile, des troubles de l’éjaculation et de la libido avec une baisse globale de la qualité de vie sexuelle des patients et un fort retentissement sur le plan psychologique. La survenue des troubles sexuels dépend de différents facteurs (comme l’âge du patient et la qualité de sa vie sexuelle) et des traitements reçus. Il est important de ne pas hésiter à demander de l’aide auprès de vos médecins pour connaître les différentes solutions thérapeutiques à disposition.
Table des matières:
Cancer de la prostate et sexualité : l’impact des différents types de traitements
Chaque type de traitement du cancer de la prostate peut avoir des effets indésirables sur la sexualité. Ces effets sont détaillés au patient avant de commencer le traitement et les bénéfices/risques de chacun sont évalués au cas par cas.
Quels sont les problèmes après l’opération de la prostate ?
La chirurgie prostatique est l’un des traitements de référence du cancer de la prostate. Elle peut entraîner des troubles sexuels et notamment une dysfonction érectile dont le degré de l’atteinte varie selon les hommes. Par ailleurs, les patients qui ont bénéficié d’une prostatectomie radicale ne pourront plus éjaculer vers l’extérieur. L’orgasme est conservé, mais « sec ». Le plaisir sexuel demeure et s’améliore au fil des mois qui suivent l’opération.
Le temps de récupération de la fonction sexuelle peut prendre de plusieurs semaines à deux ans.
Elle intervient soit de manière spontanée, soit (le plus souvent) après administration de traitements que l’équipe médicale propose de moduler au cours du protocole de surveillance en fonction des progrès réalisés dans la récupération des érections. Le traitement n’est pas nécessairement à vie, mais doit être mis en place le plus rapidement possible après l’intervention chirurgicale pour réduire le risque de fibrose des tissus érectiles qui peut entraver l’efficacité et le résultat définitif de la récupération sexuelle.
En revanche, il sera impossible de concevoir un enfant après une chirurgie prostatique. Si celle-ci supprime le sperme, la conception est impossible et une conservation de sperme peut être proposée chez les patients jeunes ayant un désir de concevoir ultérieurement. Cela ne concerne qu’une petite partie des patients atteints de cancer de la prostate, car cette maladie survient généralement chez des hommes plus âgés.
Érection après le cancer de la prostate: les conséquences du traitement focal
Le traitement focal du cancer de la prostate consiste à ne traiter que la partie de l’organe qui est malade, mais en conservant le reste de la prostate intacte ainsi que les structures voisines et notamment les nerfs érectiles.
Ce traitement qui n’a pas encore le même niveau de validité que la chirurgie radicale peut être proposé à certains patients qui présentent une maladie diagnostiquée à un stade précoce et qui n’atteint qu’une partie de la prostate.
Les conséquences de ce traitement sur la vie sexuelle sont minimes. Le traitement focal permet le plus souvent de maintenir des érections sans traitement et de retrouver une sexualité très peu de temps après la fin du traitement.
Il s’agit du traitement par laser interstitiel, ablation micro-ondes ou encore du traitement par ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU ou Focal one)
Vie sexuelle après la radiothérapie du cancer de la prostate
L’irradiation prostatique concerne non seulement la prostate en elle-même, mais aussi les bandelettes vasculo-nerveuses de l’érection, ce qui peut entraîner des troubles de l’érection après ce type de traitement. Il en résulte une fibrose des tissus et une vascularisation qui complique l’érection.
En fin de radiothérapie, la fonction érectile est souvent peu touchée, mais diminue petit à petit pendant les deux années qui suivent l’irradiation. On estime qu’environ la moitié des hommes traités conservent des érections (totalement ou en partie) pendant plusieurs années après la radiothérapie. Chez les autres hommes, le chirurgien urologue peut proposer une prise en charge thérapeutique pour traiter ce trouble.
L’éjaculation peut elle aussi être impactée par la radiothérapie de la prostate. L’orgasme dit « sec » est en revanche possible.
L’hormonothérapie et la perte de libido
Ce traitement souvent proposé en présence d’un cancer prostatique avancé peut avoir un impact sur la qualité de vie sexuelle des patients et entraîner une perte de libido. Ces effets sont temporaires ou permanents en fonction de la durée de traitement. Des solutions existent cependant pour y remédier.
Vie sexuelle après cancer de la prostate : quelles solutions ?
Plusieurs options de prise en charge sont disponibles pour les patients traités pour un cancer de la prostate qui présentent des troubles sexuels.
Traitement médical de l’érection après un cancer de la prostate
La prescription de médicaments est une des solutions possibles pour améliorer la fréquence et la qualité des érections. Elle est plutôt réservée aux troubles érectiles modérés et permet de stimuler l’irrigation sanguine du pénis pour oxygéner le tissu caverneux. Ce type de traitement permet d’obtenir des érections qui peuvent durer plus d’une heure. Si les érections obtenues ne sont pas satisfaisantes, d’autres solutions sont proposées.
L’injection intracaverneuse pour faciliter l’érection après un cancer de la prostate
Elle est réalisée au niveau de la base de la verge grâce à une aiguille très fine. L’injection intracaverneuse améliore l’irrigation sanguine de la verge en dilatant les vaisseaux sanguins pour obtenir une érection similaire à une érection naturelle.
Une éducation du patient est faite par un des spécialistes afin d’éviter les risques d’incidents et permettre aux hommes de s’administrer ce traitement avec une bonne efficacité et sans douleur.
L’érection après un cancer de la prostate : la pompe à vide ou Vacuum
Il s’agit d’un érecteur à dépression sous forme de cylindre creux en plastique avec une extrémité ouverte pour y insérer le pénis. L’autre extrémité de l’appareil est reliée à une pompe pour créer un afflux de sang dans les corps caverneux et provoquer l’érection. Pour la conserver, un anneau élastique est mis en place à la base de la verge avec un effet de compression.
Cette solution nécessite certes une préparation, mais elle est efficace à plus de 90 % et évite de recourir aux traitements médicaux. Elle ne provoque aucun effet secondaire et est très bien tolérée.
Améliorer l’érection après un cancer de la prostate par un implant pénien
L’implant est inséré chirurgicalement dans la verge. On distingue plusieurs types d’implants péniens. Le plus souvent, ils se caractérisent par deux cylindres gonflables que le chirurgien insère dans les corps caverneux. Ces cylindres sont reliés à un réservoir rempli de liquide qui est quant à lui implanté devant la vessie.
Une pompe insérée dans les bourses, à côté des testicules, relie le tout. C’est le patient lui-même qui actionne le mécanisme pour provoquer ou stopper l’érection.
Cette solution est plutôt réservée en cas d’altération définitive de la fonction érectile ou si les autres traitements n’ont pas montré d’efficacité.
Chirurgien Urologue à Paris
Spécialisé en technique mini-invasives, chirurgie robotique et traitement focal du cancer de prostate