Il s’agit selon moi de l’une des plus importantes découvertes réalisées concernant le cancer de prostate durant les dernières décennies.
Certains cancers de prostate sont d’évolution tellement lente qu’ils ne justifient aucun traitement. Certains d’entre eux n’évolueront jamais et dans ce cas, nous éviterons au patient tout traitement qui pourrait menacer sa qualité de vie.
D’autres n’évolueront qu’au bout de plusieurs années et dans ce cas, le traitement du cancer prostatique ne sera proposé que lorsque la maladie montre qu’il progresse.
La surveillance active est une stratégie de prise en charge du cancer de la prostate qui consiste à suivre régulièrement l’évolution du cancer par des examens cliniques et biologiques, sans intervenir tant que le cancer ne montre pas de signes de progression. Elle s’adresse aux patients qui présentent un cancer de la prostate à faible risque, c’est-à-dire localisé, de faible volume et de faible agressivité. Elle permet d’éviter ou de retarder les effets secondaires des traitements qui peuvent altérer la qualité de vie du patient, notamment sur le plan sexuel et urinaire. Elle nécessite toutefois une surveillance régulière et rigoureuse et peut être modifiée à tout moment, en fonction de l’évolution du cancer ou du choix du patient.
Table des matières:
Qu’est-ce que la surveillance active du cancer de la prostate ?
Le cancer de la prostate est le cancer le plus répandu chez la population masculine en France. Il peut évoluer de manière très variable selon les cas.
Certains cancers sont plus agressifs et nécessitent un traitement rapide et radical, comme la chirurgie, la radiothérapie ou l’hormonothérapie.
D’autres cancers sont au contraire très peu évolutifs et ne présentent pas de risque immédiat pour la santé du patient. Ces cancers sont appelés cancers de la prostate à faible risque ou cancers de la prostate indolents. Pour ces cancers, il existe une alternative au traitement immédiat : il s’agit du protocole de surveillance active.
Ce protocole consiste à suivre régulièrement l’évolution du cancer par des examens cliniques (toucher rectal, questionnaire sur les symptômes), biologiques (dosage du PSA) et radiologiques (IRM de la prostate) et au bout de quelques années par de nouvelles biopsies.
Ces examens permettent de détecter une éventuelle progression du cancer, qui se manifeste par une augmentation du PSA, une modification du toucher rectal, une augmentation du score de Gleason. En cas de progression, un traitement curatif est proposé au patient.
Lire également notre article sur les risques de récidive du cancer de la prostate
Cancer de la prostate : pour quels patients la surveillance active est-elle adaptée ?
La surveillance active n’est pas adaptée à tous les patients atteints d’un cancer de la prostate. Elle est réservée aux patients qui présentent un cancer de la prostate à faible risque, c’est-à-dire :
- Un cancer localisé à la prostate, sans extension aux organes voisins ou aux ganglions lymphatiques
- Un cancer de faible volume, qui n’occupe qu’une petite partie de la prostate
- Un cancer de faible agressivité, avec un grade de Gleason inférieur ou égal à 6
- Un PSA inférieur à 10 ng/ml
Ces critères sont basés sur les recommandations de l’Association Française d’Urologie et de l’Institut National du Cancer (INCa).
Ils peuvent toutefois être adaptés en fonction de chaque personne, en tenant compte de l’âge du patient, de son état de santé général, de ses attentes et de ses préférences.
Les bénéfices et les risques de la surveillance active du cancer de la prostate
La surveillance active présente des bénéfices et des risques qu’il faut bien peser avant de prendre une décision.
La surveillance active du cancer de la prostate a pour but de préserver la qualité de vie du patient en évitant les effets secondaires des traitements, qui peuvent affecter la fonction sexuelle et urinaire. Elle permet aussi de ne pas traiter des cancers qui n’auraient pas évolué ou qui n’auraient pas mis en danger la vie du patient. Elle offre enfin la possibilité de bénéficier des progrès de la recherche médicale, qui peuvent proposer de nouveaux traitements plus efficaces et moins toxiques.
Elle peut néanmoins comporter des risques, comme celui de voir le cancer progresser et devenir plus difficile à traiter. Ce risque est cependant minime si le patient accepte de se soumettre à une surveillance régulière et rigoureuse,
Les opposants à cette technique évoquent parfois que cette option peut être stressante et anxiogène pour le patient. Elle peut également susciter de la confusion et des doutes chez le patient, qui peut se sentir coupable de ne pas traiter son cancer, ou qui peut être influencé par les avis divergents de son entourage ou des professionnels de santé.
Cependant, lorsqu’elle est appliquée pour des cancers de prostate à faible risque évolutif, c’est à présent l’attitude la plus fortement recommandée par les sociétés savantes. C’est au médecin de s’assurer que ce choix ne provoque pas d’anxiété au patient en lui expliquant bien les raisons qui le pousse à ne faire que surveiller plutôt que de traiter.
Dans mon expérience, les patients bien informés sont ravis de ce choix, bien plus que de se voir courir le risque d’impuissance ou d’incontinence du fait d’un traitement qui n’a pas lieu d’être proposé de première intention.
Cancer de la prostate : quand passer de la surveillance active au traitement curatif ?
Le médecin urologue est le seul à pouvoir décider du moment opportun pour arrêter la surveillance active et déclencher le traitement curatif du cancer de la prostate. Il se base sur les résultats des examens de suivi, qui peuvent révéler une progression du cancer. Le traitement curatif vise à éliminer le cancer, et peut être la chirurgie, la radiothérapie, un traitement focal par ultrasons focalisé de haute intensité ou un traitement focal utilisant une autre source d’énergie (Cryothérapie, laser, électroporation irréversible, curiethérapie). Le choix du traitement dépend de l’évolution du cancer , de ses caractéristiques et des préférences du patient.
Les examens de suivi comprennent :
- Le dosage du PSA
- Le toucher rectal
- L’IRM prostatique
- La biopsie de la prostate
Si les examens montrent que la maladie reste stable, le médecin peut proposer de continuer la surveillance active. Par contre, si les examens montrent des signes de progression du cancer, il peut proposer de passer à un traitement curatif.
Le patient peut accepter ou refuser le traitement proposé en fonction de son état de santé, de ses attentes et de ses craintes. Le médecin urologue doit l’informer des avantages et des inconvénients de chaque option et l’accompagner dans sa décision.
Chirurgien Urologue à Paris
Spécialisé en technique mini-invasives, chirurgie robotique et traitement focal du cancer de prostate